Biodéchets : Pourquoi et comment les trier, les recycler et les valoriser ?

Dernière mise à jour le 13 mai 2022

Vous vous demandez que faire de vos biodéchets ? Ces restes de cuisine et autres déchets biodégradables sont-ils condamnés à alourdir vos poubelles pour finir incinérés ? Des solutions existent. Il est possible d’en réduire le volume en luttant contre le gaspillage alimentaire. Le reste des biodéchets peut ensuite être valorisé afin de représenter une réelle ressource. D’ici 2025, tous les particuliers devront pouvoir trier à la source leurs biodéchets. Alors, pourquoi ne pas commencer aujourd’hui ?

Pourquoi trier les biodéchets ?

Dans leur définition, les biodéchets ou déchets biodégradables sont composés de matière organique. Ils intègrent différents types de déchets à savoir :

  • Ceux de cuisine et de table (épluchures de fruits et légumes, marc de café, noyaux, os, coquilles d’œufs, couenne…)
  • Ceux du jardin (déchets verts) : tonte de pelouse, taille des haies et des arbustes…

En moyenne, les biodéchets représentent un tiers de la poubelle résiduelle, mais, selon vos habitudes de consommation, cette proportion peut être bien plus importante. Cela représente 18 millions de tonnes par an (selon l’ADEME – 2018). De plus, ils sont sources de dépenses publiques à travers la collecte des ordures ménagères et leur traitement. Enfin, d’un point de vue écologique, leur ramassage et leur élimination sont une aberration.

Pourtant, cette matière organique et biodégradable constitue une valeur potentielle véritable comme amendement des sols. Aussi, il est possible d’initier un cercle vertueux des biodéchets afin de les valoriser. Cela correspond aussi à un besoin patent des sols marqués par leur appauvrissement en matières organiques. De plus, cette valorisation organique permet de substituer des engrais chimiques (produits à partir de ressources minières non renouvelables et non disponibles en France, tels que le phosphore et la potasse) par des engrais organiques, bien plus appréciable d’un point de vue environnemental.

De nombreux pays voisins (Allemagne, Belgique, Suisse …) ont depuis longtemps mis en place le tri sélectif à la source des matières organiques. Bien en retard, la France, à travers la loi de transition énergétique pour la croissance verte publiée le 17 août 2015, a prévu « le développement du tri à la source des déchets organiques, jusqu’à sa généralisation pour tous les producteurs de déchets avant 2025, pour que chaque citoyen ait à sa disposition une solution lui permettant de ne pas jeter ses biodéchets dans les ordures ménagères résiduelles, afin que ceux-ci ne soient plus éliminés, mais valorisés ».

Que se passe-t-il actuellement pour les biodéchets après leur ramassage ? A l’heure actuelle, les déchets ménagers résiduels sont sources de gaz à effet de serre (GES). En effet, leur incinération produit du CO2 au moment de la combustion et leur mise en décharge du méthane lors de leur amoncellement dans un milieu anaérobie. Et c’est sans compter l’impact du transport de ces déchets vers son lieu de traitement.

En outre, le mélange des déchets organiques à la poubelle résiduelle (ou ‘grise’) est néfaste. En décharge, ce mix produit des jus à dépolluer et des gaz issus de la fermentation des matières organiques. En incinération, l’efficacité énergétique de la combustion des biodéchets (essentiellement composés d’eau) est très faible.

Le déploiement des solutions de valorisation des déchets biodégradables

Pour en finir avec cette mauvaise pratique, le tri à la source des biodéchets est en marche. Il doit s’envisager avec la lutte contre la gaspillage alimentaire. En séparant les déchets organiques de la poubelle résiduelle, la prise de conscience sur la quantité de nourriture qui est gaspillée devient plus évidente.

L’intérêt pour la solution à la source est de pouvoir proposer aux ménages et aux entreprises des solutions de valorisation en détournant les biodéchets du dispositif actuel d’élimination. La loi de transition énergétique de 2015 dit que chaque Français devra avoir à sa disposition une solution pour valoriser ses biodéchets d’ici 2025. Elle précise que « la collectivité territoriale définit des solutions techniques de compostage de proximité ou de collecte séparée des biodéchets et un rythme de déploiement adaptés à son territoire. »

Plusieurs solutions complémentaires peuvent donc être proposées par les collectivités dont :

  • Le développement du compostage sous la forme de :
  • La mise en place d’une collecte séparée à la source des biodéchets avec une valorisation en amendement

Le Ministère de la transition écologique a annoncé qu’une centaine de collectivités a déjà initié ces changements. De grandes villes comme de plus petites proposent déjà à leurs administrés des solutions de collecte séparée ou de valorisation à la source. Il s’agit, par exemple, de Arras, Nevers, Voiron, Lille, Lorient, Rennes, Clermont-Ferrand ou encore Bordeaux. Actuellement, seulement 30 % des ménages français trient leurs biodéchets à la source (ADEME – 2018).

La mise en œuvre ainsi que les solutions proposées et la valorisation choisie diffèrent selon les sources. Les professionnels et les particuliers, selon les territoires, sont progressivement invités par modifier leurs comportements en matière de tri des biodéchets.

Le compostage et lombricompostage des biodéchets

S’il est possible de proposer la collecte en porte à porte des biodéchets, l’option de la valorisation à la source est bien plus évidente. Elle consiste à favoriser le compostage des déchets putrescibles au moyen d’un équipement dédié. Vous noterez que les autorités ne mentionnent pas le bokashi.

Selon que le producteur de déchets soit en milieu urbain ou rural, en appartement ou en maison, les solutions concrètes diffèrent. Il peut s’agir de :

  • Lombricomposteur en appartement
  • Composteur individuel de jardin pour les maisons
  • Composteur collectif et chalet de compostage pour les immeubles et quartiers

Les avantages de cette solution de valorisation à la source des biodéchets sont de divers ordres :

  • Diminuer la production de GES et CO2 (moins de mise en décharge, moins d’incinération)
  • Créer du compost pour nourrir les plantes, structurer les sols et diminuer les achats d’engrais
  • Abaisser la quantité de déchets à traiter par le service public et donc son coût pour la collectivité
  • Réduire le transport de déchets (moins de camions de ramassage, moins de pollution, moins de coûts)

Pour ce faire, certaines collectivités ont fait le choix de distribuer des composteurs ou lombricomposteurs aux ménages, avec une participation financière généralement, ou d’en subventionner l’achat. Elles développent aussi les options collectives avec l’aide d’associations, de professionnels et en recrutant des personnels compétents en la matière. Ainsi, le ‘maitre-composteur’ devient un maillon essentiel de ces installations.

La collecte à la source des déchets organiques

Dans le cadre des contraintes légales rappelées ci-dessus, certaines collectivités locales françaises ont fait le choix de développer le tri à la source des déchets alimentaires des particuliers en intégrant une solution de valorisation de ces derniers. En effet, il ne s’agit pas de collecter les biodéchets séparément pour les mettre ensuite en décharge, mais bien d’initier une solution de valorisation collective pour les déchets de cuisine et restes de repas récupérés en porte à porte.

Concrètement, cette option consiste à :

  • Solliciter le tri sélectif des bio-déchets par les ménages au moyen de bio-seau, bac individuel ou collectif
  • Mettre en place la collecte de ces déchets avec des camions bennes dédiés ou disposant de deux bennes distinctes
  • Intégrer les biodéchets apportés en déchèterie (essentiellement les déchets verts) dans la filière de valorisation ainsi définie
  • Valoriser les déchets ainsi collectés au moyen de dispositifs de compostage et de méthanisation

Les solutions de tri des déchets biodégradables pour les professionnels

Les ménages ne sont pas les seuls à produire des biodéchets. Certains professionnels en produisent également. Il s’agit principalement des restaurateurs (dont la restauration collective) et les commerces de bouche (en boutique, itinérants ou sur les marchés).

La réglementation impose progressivement le tri des biodéchets et leur valorisation dans des filières adaptées pour les producteurs professionnels à savoir :

  • Depuis le 1er janvier 2012 pour les professionnels produisant plus de 120 tonnes par an de biodéchets ou plus de 1500 litres par an d’huiles alimentaires usagées (entreprises d’espaces verts, grande distribution, industries agroalimentaires, cantines et restaurants, marchés…)
  • Depuis le 1er janvier 2016 pour les professionnels produisant plus de 10 tonnes par an de biodéchets ou plus de 60 litres par an pour les huiles (marchés de gros ou forains, restaurateurs, petites surfaces de distribution alimentaire…)
  • Le 1er janvier 2023 pour les professionnels produisant plus de 5 tonnes de biodéchets par an
  • Le 31 janvier 2023, l’ensemble des producteurs de biodéchets seront concernés par le tri à la source